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8 MAI 1945 : Les vrais débuts de « la guerre d’Algérie »

Le 8 mai 1945, l’Algérie entière fêtait la fin des hostilités et la victoire des Alliés.

Ne perdons jamais de vue qu’à cette date c’est De Gaulle qui détient le pouvoir en France et que le gouvernement mis en place par ses soins est un gouvernement d’obédience communiste.

Qu’Alger, Oran et d’autres grandes villes se sont données des municipalités de gauche, voir communiste comme Sétif d’ailleurs. Et que les Partis Socialistes et Communistes d’Algérie sont majoritaires à l’Assemblée Nationale française.

Les partis nationalistes algériens appellent à manifester ce même jour mais ils ont été manipulés à leur insu par un agent du MI6 anglais, Chekib Arslan, qui est payé pour développer un mouvement insurrectionnel en Algérie et s’y emploie.

Il rencontre Ferhat Abbas, qui a créé le 14 mars 1944 les «Amis du Manifeste de la Liberté» (AML) qui compte environ 500.000 adhérents. Le but de Ferhat Abbas est d’internationaliser le problème algérien.

Ce 8 mai la manifestation politique est autorisée par les autorités françaises à la condition qu’il n’y ait ni armes ni drapeau algérien.

La manifestation se dirige vers le centre-ville de Sétif. Un meneur déploie le drapeau algérien. Un coup de feu part et le jeune algérien est tué. Qui a tiré ? Un policier débordé, un membre d’un parti opposé ? Tout comme pour la rue d’Isly, 17 ans plus tard, on ne saura jamais (officiellement) qui a tiré.

Aussitôt à la suite des meneurs, c’est la ruée vers le centre-ville où les émeutiers, hurlant des slogans meurtriers : Tuez les chrétiens, tuez les juifs, tuez tous les non croyants, massacrent tout ce qu’ils rencontrent, enfants, femmes, vieillards, qui participaient à l’allégresse générale du retour à la paix. 28 européens sont ainsi assassinés immédiatement.

Qui sont les premières victimes ? La petite Arlette Nakache, 9 ans, Gaston Gourlier, régisseur municipal du marché aux bestiaux, le maire de Sétif, M. Reluca, tué par balle, M. Denis membre du Parti Communiste, qui tentait de s’interposer et est abattu par l’un des meneurs qui s’acharne sur lui et lui tranche les deux mains, Louis Clarisse, etc. ? Peu importe, ce sera un carnage.

Le chiffre officiel, il sera confirmé plus tard par la commission Tubert, est de 102 morts et 110 blessés.

Le soir même à Guelma, une nouvelle manifestation se développe, ce qui prouve bien la préméditation de ce soulèvement qui n’est plus une manifestation de joie pacifique.

Le sous-préfet Achiary, un résistant, reçoit les ordres du général De Gaulle, chef du gouvernement provisoire de l’État français, d’intervenir par la force. Il fait tirer sur la foule et le cortège se disloque laissant un mort et six blessés. Il fait arrêter 2500 manifestants qui seront jugés sommairement par des tribunaux d’exceptions similaires à ceux qui fonctionnent en France métropolitaine.

Plusieurs dizaines seront condamnées à mort.

Ordre est donné à l’armée, sous la direction du général Duval, d’intervenir.

Les effectifs disponibles pour le maintien de l’ordre sont dérisoires. Sur un territoire grand comme quatre fois la France la subdivision de Sétif ne peut disposer que de trois mille sept cents hommes, dont une grande partie de recrutement indigène algérien qui ne peut être employée.

Cependant la punition immédiate des tueurs par les deux mille hommes déployés sur le terrain, dont les tirailleurs sénégalais, qui on le sait ne portent pas les Algériens dans leur cœur, et les légionnaires, peut se comptabiliser à environ deux mille cinq cents morts (ce chiffre est calculé d’après la consultation des listes du ravitaillement et des listes électorales des consultations de 1945 et 1946. Si d’autres chiffres avancés, très exagérés, s’étaient avérés exacts ces listes les auraient forcément confirmés.)

La répression fut donc d’une très grande violence, deux mois de folie meurtrière. Elle ne sévit que dans les territoires où des européens ont été attaqués, menacés, blessés, violés ou tués.

Le quotidien communiste « L’Humanité » n’hésitait pas à écrire que les émeutiers algériens étaient des pronazis puisqu’ils étaient pétainistes. Voici l’éditorial publié quelques jours plus tard par Maurice Thorez, leader du Parti Communiste et vice-président du Conseil du gouvernement gaulliste :

« Les instruments criminels, ce sont les chefs des PPA, tels Messali Hadj et les mouchards camouflés dans les organisations qui se prétendent nationalistes et qui, lorsque la France était sous la domination fasciste, n’ont rien dit ni rien fait, et qui maintenant réclament l’indépendance. Il faut tout de suite châtier, rapidement et impitoyablement, les organisateurs des troubles et passer par les armes les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l’émeute. »

En 1945 le Parti Communiste n’aidait pas les Arabes à conquérir leur indépendance, bien au contraire, il fallait les exterminer. Ce ne sera plus le cas dix ans plus tard puisqu’il ne sera plus au pouvoir et que la France est désormais engagée dans une guerre qu’il faut absolument l’aider « à perdre ». Il s’y emploiera en fournissant à l’ennemi de la France toute l’aide physique, financière et morale grâce à ses réseaux et à ses militants aussi bien en métropole que sur place, en Algérie.

En mars 1946 une amnistie totale libère ces assassins. Nombreux sont ceux qui referont surface entre 1954 et après 1962.

Le général Duval, commandant les troupes de la répression, dira : "Je vous ai donné la paix pour dix ans, mais il ne faut pas se leurrer, elle ne se maintiendra qu’avec de sérieuses réformes".

Il ne se sera trompé que d’une année.

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