Les premières phrases, du « Sursaut » (Franz-Olivier Gierbert) ne me rassuraient pas : « le sursaut gaulliste dont il n’occultait pas les zones d’ombres, tout en notant le génie du général et sa dimension historique, tant dans sa capacité « à fondre une nouvelle République qu’à sortir le pays du « piège de l’ornière algérienne ».
Il était question du machiavélisme, des fautes et des mensonges, du général mais, affirmait Giesbert, « sans parti pris idéologique », ajoutant « qu’il était fasciné par la facilité à changer d’avis » et que de Gaulle était un pragmatique qui, tel Napoléon, disait « On s’engage puis on voit ».
Nous étions les mieux placé, nous Pieds Noirs, pour savoir « comment il s’était engagé et comment il avait vu ».
Je m’attendais au pire et je n’ai pas été déçu, mais bien au contraire, enthousiasmé par le bon sens, le réalisme et l’ouverture d’esprit dont fait preuve Franz-Olivier Giesbert dans son récent ouvrage « Histoire intime de la 5e République – Le sursaut ».
Je m’attendais au pire car l’auteur débutait son premier tome par le gaullisme, et de Gaulle qu’il n’a pas connu.
Giesbert essayé de sortir le général du formol et de la légende pour le restituer « tel qu’en lui-même », et je me demandais en se référant à quelles lectures ?
Il explique qu’il a connu tous les présidents de la 5e République justement à l’exception de son fondateur et j’ai une tendance justifiée à me méfier de ces « pseudos-historiens » qui savent tout sur les évènements qu’ils n’ont pas vécu en se référant à l’idéologie de leurs lectures, surtout lorsqu’il est question de l’Algérie et des évènements qui ont bouleversé son Histoire récente.
Qu’il me soit permis, après ce préambule, de rendre hommage à Franz-Olivier pour la lecture qu’il nous propose :
-L’histoire de l’Algérie, expliquée aux Français, est malhonnête (Vrai)
-Les tristes exercices de repentance de Macron (Vrai)
-Les intellectuels ont concentré leurs tirs sur les fautes impardonnables de la France sans jamais se prononcer sur les horreurs commises par le FLN et le ramassis qui présente en héros les dirigeants de ce même FLN. (Encore vrai).
-Si l’Algérie est tombée si bas aujourd’hui, qui peut croire que c’est la faute des Français, qui sont partis il y a 60 ans. Il faut remettre les pendules à l’heure : « la France a gagné militairement la guerre d’Algérie et de Gaulle a perdu politiquement la paix ». (Toujours et encore vrai).
-D’où la rage des généraux et la naissance de l’OAS. (Vrai)
Franz-Olivier a de l’estime pour le général Salan et pour Jacques Soustelle « Ils étaient de vrais républicains » (Je lui pardonne d’avoir oublié, par exemple, Georges Bideault).
De Gaulle n’était pas raciste, dit-il ! Qu’il me permette d’émettre un sérieux doute car certaines de ses affirmations, aujourd’hui, le conduiraient devant un tribunal.
Influencé par André Malraux, qui prophétisait dès 1956 « une poussée islamiste », De Gaulle se méfiait, pour ne pas dire plus, de l’Islam et pensait « qu’il y avait différentes civilisations et qu’elles n’étaient pas toutes compatibles entre elles et que, pour lui, l’intégration des Arabes était un attrape-couillon. ».
Franz-Olivier estime que de Gaulle « a raté la paix en donnant tout à un FLN exsangue, alors qu’il considérait les dirigeants « comme des médiocres » uniquement parce qu’il estimait « qu’en matière de décolonisation, la seule victoire était la fuite. ». Il ajoute que de Gaulle a été d’un cynisme atroce envers les Pieds Noirs et les harkis « qu’il méprisait » et qu’il avait toujours menti sciemment. (Il s’agit d’une confirmation à ce que nous savions depuis la dernière guerre 39/45).
Franz-Olivier confirme également, ce que j’affirmais dans mon livre « J’accuse De Gaulle », qu’en 1968 « il voulait faire tirer sur les émeutiers », et qu’il « vomissait » les médias d’Etat « qui sont de gauche, voire communiste, depuis 1945. »
En conclusion, Franz-Olivier, termine par une vérité à l’ordre du jour : « La France est ingouvernable que pour ceux qui ne savent pas la gouverner. »