Du 14 au 24 Janvier 1943, conférence de Casablanca
Les Américains avaient débarqué sur les côtes nord-africaines deux mois plus tôt. Ils étaient, enfin, entrés en guerre.
Considéré comme inexistant par Roosevelt, De Gaulle avait été totalement tenu à l’écart de l’opération «Torch » et son avis n’avait même pas été sollicité par les « Alliés ».
Informé par Churchill, une fois l’opération engagée, De Gaulle ne peut s’empêcher de s’écrier : « J’espère que l’Armée française les rejettera à la mer » (en parlant des Américains et cela prouve sa très grande amertume).
Cependant il lance de Londres un appel dès le 8 novembre déclarant l’entrée en guerre de l’AFN aux côtés des Alliés.
Le président des États-Unis ne tenait absolument pas à sa présence lors de cette conférence.
Le seul représentant de la France devait être le général Giraud, récemment arrivé à Alger et immédiatement installé comme commandant en chef de l’Armée d’Afrique.
Il n’hésite pas à déclarer à Churchill : « Nous devons nous séparer de De Gaulle, parce qu’il s’est montré déloyal et indigne de la confiance de nos deux gouvernements et parce que ces derniers temps il s’intéresse bien davantage aux intrigues politiques qu’à la poursuite de la guerre. »
Le but officiel de cette conférence était de « préparer la stratégie des alliés pour un débarquement sur les côtes françaises ».
Mais la réalité est tout autre.
Si Roosevelt a décidé de lancer l’Amérique dans cette guerre, qui jusqu’alors ne la concernait pas, c’est qu’il a un autre objectif bien précis : mettre la main sur l’Europe, sur toute l’Europe y compris la France.
C’est dans ce but qu’a été créée l’AMGOT (Allied Military Government in Occuped Territories) fin 1942, dont le siège se situe dans l’université de Charlottesville (État de Virginie), et cela moins de trois mois avant la conférence de Casablanca.
Cet organisme est, dans un premier temps, chargé de former des administrateurs destinés à diriger les pays européens dès leur libération et cela jusqu’à l’élection démocratique d’un gouverneur.
L’envahissement de l’Europe est programmé dans cet objectif tenu secret et connu uniquement en Europe par Churchill. Le but de Roosevelt est d’englober dans les États-Unis d’Amérique les États-Unis d’Europe sur le même modèle.
Roosevelt souhaite savoir si d’autres gouvernements européens sont prêts à adhérer à son immense projet, en dehors de l’Angleterre, et à commencer par la France.
Il a envoyé auprès du général Giraud, commandant en chef civil et militaire, Jean Monnet, son représentant français (il sera plus tard l’un des pères fondateurs de l’Union européenne) afin qu’il négocie la création du Comité français de Libération nationale.
La présence donc du général Giraud est absolument nécessaire, puisqu’il est considéré sans équivoque comme le seul chef militaire de la France combattante.
Churchill tient absolument à ce que De Gaulle soit présent.
Le problème est que, d’une part, ni Roosevelt, ni Giraud ne souhaitent le rencontrer et que, d’autre part, De Gaulle refuse d’être placé hiérarchiquement sous les ordres du général Giraud.
Churchill se voit donc devant l’obligation de menacer De Gaulle de le virer d’Angleterre s’il n’accepte pas cette confrontation.
Contre sa volonté le « général de Londres » est donc présent et les Alliés finissent par obtenir cette fameuse poignée de mains entre les deux généraux qui se détestent et dont la photo fera le tour du monde.
Roosevelt pose immédiatement ses deux conditions principales :
1 – Il faut que les marchés européens s’ouvrent dès leur libération aux produits américains.
2 – Il faut que l’empire colonial français soit décolonisé dans les 30 années à venir.
Le général Giraud quitte immédiatement la réunion en claquant la porte.
De Gaulle reste et accepte… on connaît la suite. Il a souscrit sans le moindre scrupule à ces conditions qui peuvent lui permettre d’atteindre ses buts :
*Acquérir une légitimité qu’il est loin d’avoir.
*Rester le seul interlocuteur français auprès des Alliés et préparer ainsi son destin national : devenir l’unique chef de la France Libre.
Cela a toujours été sa seule ambition et pour l’atteindre il accepte de vendre son âme de patriote et surtout de « vendre » la France.
Je veux bien mettre au crédit de De Gaulle qu’il n’a pas souscrit, après la victoire, à ce que la France devienne une « colonie » de l’Amérique, mais cela prouve que sa soif du pouvoir personnel, à cet instant-là, était sa seule priorité.
Dès son retour à Washington, Roosevelt se confie à sa femme, Eleanor, sur ce qu’il pense de De Gaulle : « Le général est un soldat, patriote certainement, dévoué à son pays, mais en revanche, c’est un politique et un sectaire et il y a chez lui, je crois, tous les attributs d’un dictateur ».
Je suis loin d’être un admirateur du général mais lui « avait compris » ce que tous nos dirigeants depuis ont bien pris soin d’ignorer !